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− | Le nom de la commune, Les Nouillers, inclus l'article défini pluriel ''les''. En tant que tel, il prend la majuscule, comme par exemple ''La'' Rochelle ou ''Le'' | + | Le nom de la commune, Les Nouillers, inclus l'article défini pluriel ''les''. En tant que tel, il prend la majuscule, comme par exemple ''La'' Rochelle ou ''Le'' Mung, à moins qu'il ne se contracte avec ''à'' ou ''de'' le précédant. En effet, comme le rappelle la Commission nationale de toponymie<ref>Commission nationale de toponymie. [http://cnig.gouv.fr/wp-content/uploads/2015/03/cnt-grammaire-recommandation.pdf Recommandations et observations grammaticales]. CNT – CNIG 2006.17. 29 novembre 2006, mise-à-jour le 08 mars 2010.</ref>: |
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+ | * ''Nouillers'', selon le point de vue, peut être considéré comme masculin ou féminin, le masculin étant en général prédominant ; | ||
+ | * ''Les'' étant article constitutif, on peut indifféremment écrire « ''Les Nouillers est une commune'' » (en tant qu'entité administrative) ou « ''Les Nouillers sont une commune'' » (accord avec la marque du pluriel). | ||
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+ | Les Nouillers compte plusieurs hameaux dont le nom commence par ''chez'': Chez Benon, Chez Bernet, Chez Bineau, Chez Grenon, Chez Guérin, Chez Marans. Dans tous les cas, ''chez'' est suivi d'un nom de famille. Cette dénomination, très courante en Saintonge, associe le nom du propriétaire ou de l'exploitant à son lieu de vie. ''Chez'' est la forme moderne de ''chiese'' en ancien français, qui lui-même dérive du latin ''casa''. Dans des campagnes alors très peu densément peuplées, les Anciens prenaient comme points de repère les maisons des uns des autres. ''Chez Guérin'' signifiait alors ''la maison de Guérin''. | ||
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+ | ''Guérin'' découle du germanique ''varin'' (défense), transcrit en latin ''varinus'' ou ''guarinus''<ref name="Eveille1887">Éveillé, André. Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l'origine et l'historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. H. Champion, Paris et V. Moquet, Bordeaux. 1887.</ref>. | ||
=== Font de Benon === | === Font de Benon === | ||
− | ''Benon'' est un | + | ''Benon'' est un ancien prénom, aujourd'hui désuet, déformation de ''Benoît''<ref name="Eveille1887" />, et un nom de famille. On retrouve ''Benon'' dans le nom du lieu-dit limitrophe de [[Noms de lieux#Chez anthroponyme|Chez Benon]]. ''Font'', ou parfois ''funt'', en poitevin et saintongeais, et plus généralement en vieux français et langue d'oc, désigne une fontaine<ref name="Eveille1887" /> ou une source. Le pluriel est encore utilisée de nos jours dans ''fonts baptismaux''. |
On peut donc traduire le nom d'origine ''Font Benon'' comme étant ''« la source (de) Benon »''. Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit. | On peut donc traduire le nom d'origine ''Font Benon'' comme étant ''« la source (de) Benon »''. Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit. | ||
− | De part ses racines | + | De part ses racines occitanes, le ''t'' final de ''font'' n'est pas toujours muet ; on prononce alors /fɔ̃t bønɔ̃/, et non /fɔ̃ bønɔ̃/. La prononciation du ''t'' et la francisation du nom ont menés à la forme actuelle de ''Font de Benon''. En revanche, les déformations ''Fond de Benon'' ou ''Fond Benon'' sont incorrectes. |
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+ | === Le Pinier === | ||
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+ | Au XIVème et XVème siècle, ''Pigné'' était déjà une paroisse indépendante de celle des Nouillers, comme en atteste un aveu de Jeanne Commart à Jean de Stuer du 27 novembre 1403. On lui ajoute parfois l'article ''le'', comme dans un contrat de baillette entre le seigneur et le gouverneur de Taillebourg du 24 octobre 1566<ref name="Ahsa29">Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 29. A. Picard, Paris et C. Isambart, Saintes. 1900.</ref>. La graphie ''Pigné'' subsiste apparemment jusqu'au début du XVIIIème siècle, pour être remplacée par ''Pinier''. | ||
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+ | ''Pinier'' est le nom saintongeais de l'arbre pin (''pinus pinea''), et désigne par extension un lieu planté de pins<ref name="Eveille1887" />. Le pin n'est cependant pas une essence autochtone, si loin de la côte. En Saintonge, Aunis et Poitou la symbolique du pin est associée au protestantisme. La tradition orale rapporte que suite à la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les prédicants distribuaient des pignons de pin, invitant les protestants à signaler les maisons « amies ». La première mention du « ''Pinier'' » et des « ''Champs du Pinier'' » dans les archives du comté de Taillebourg<ref name="Ahsa29" /> remonte à un aveu de Ponce-Auguste Sublet, marquis d'Heudicourt, seigneur de Bois-Charmant à Frédéric-Guillaume de La Trémoille, prince de Talmond et comte de Taillebourg, du 15 mai 1722, soit trente-sept ans plus tard. Avant cela, le 9 juin 1692, soit seulement sept ans après la révocation de l'Edit de Nantes, Gabriel Vitet se présente dans sa déclaration des biens de mainmorte du diocèse de Saintes comme « ''curé de la parroisse des Nouliers et de son annexe le Pinier'' »<ref name="Ahsa35">Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 35. A. Picard, Paris et Mme Fragnaud, Saintes. 1905.</ref>. | ||
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+ | La mention de ''Pigné'' en tant que paroisse en 1403, un siècle et demi avant les débuts de la Réforme, prouve l'antériorité du nom, et réfute toute origine liée au protestantisme. On notera cependant la corrélation entre le changement de graphie et l'interdiction du culte réformé dans la région. Dans le contexte tendu de l'époque, dragonnades et conversions forcées (900 enregistrées dans la paroisse voisine de Saint-Savinien) ont marquées les esprits. Il est envisageable que les nouvelles générations et les étrangers à la région (les Vitet ou Vittet sont une famille de notables de Cognac) aient fait l'amalgame ''Pigné''-''Pinier'', sans que rien ne prouve pour autant que des pins y aient un jour poussé, ni que des familles protestantes y aient vécu. | ||
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+ | L'origine du nom ''Pigné'' est pour le moment indéterminée : | ||
+ | * Si des pins y ont poussé, ils y ont été introduits par l'homme pour des raisons inconnues ; | ||
+ | * En saintongeais, ''pigne'' désigne un peigne<ref>Favre, L.. Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis. Robin et L. Favre, Niort. 1868.</ref>, et ''pignier'' un cardeur<ref name="Eveille1887" />. | ||
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+ | === Le Tricholet === | ||
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+ | ''Tricholet'' est une déformation de ''Treuil Cholet'', nom que portait encore le hameau au XIXe siècle, et que conserve la rue qui le dessert. En saintongeais, ''treuil'' désigne un pressoir. Au XVe siecle s'y élevait déjà une demeure noble, appartenant au seigneur de Tonnay-Boutonne, et dont le fief était rattaché à la paroisse d'Archingeay<ref name="Ahsa29" />. Il est très probable que les coteaux de la bute du Tricholet étaient alors couverts de vigne, et que le fief tirait ses revenus de la presse du raisin et de la fabrication de vin. | ||
== References == | == References == |
Version actuelle en date du 12 novembre 2015 à 19:31
Sommaire
Nom de la commune
Le nom des Nouillers découle très certainement du latin novale et novalis, qui désignent respectivement une terre nouvellement défrichée et une jachère. Voir l'article sur l'Origine du nom pour plus de détails.
Le nom de la commune, Les Nouillers, inclus l'article défini pluriel les. En tant que tel, il prend la majuscule, comme par exemple La Rochelle ou Le Mung, à moins qu'il ne se contracte avec à ou de le précédant. En effet, comme le rappelle la Commission nationale de toponymie[1]:
« L'article constitutif des toponymes suit les mêmes règles d'accord, de morphologie et d'omission que celui des noms communs. »
L'Académie française argumente avec l'exemple suivant[2] :
« Aller du Havre au Touquet, et non de Le Havre à Le Touquet. »
Ainsi, la forme grammaticalement correcte est « la commune des Nouillers », et non « la commune de Les Nouillers ». En revanche, aucune règle ne prescrit l'accord en genre et en nombre, qui est lui soumis à interprétation :
- Nouillers, selon le point de vue, peut être considéré comme masculin ou féminin, le masculin étant en général prédominant ;
- Les étant article constitutif, on peut indifféremment écrire « Les Nouillers est une commune » (en tant qu'entité administrative) ou « Les Nouillers sont une commune » (accord avec la marque du pluriel).
Le choix est alors laissé à la discrétion de l'auteur, selon le contexte et le message qu'il veut faire passer.
Noms des hameaux
Chez anthroponyme
Les Nouillers compte plusieurs hameaux dont le nom commence par chez: Chez Benon, Chez Bernet, Chez Bineau, Chez Grenon, Chez Guérin, Chez Marans. Dans tous les cas, chez est suivi d'un nom de famille. Cette dénomination, très courante en Saintonge, associe le nom du propriétaire ou de l'exploitant à son lieu de vie. Chez est la forme moderne de chiese en ancien français, qui lui-même dérive du latin casa. Dans des campagnes alors très peu densément peuplées, les Anciens prenaient comme points de repère les maisons des uns des autres. Chez Guérin signifiait alors la maison de Guérin.
On retrouve Benon dans Font de Benon.
Guérin découle du germanique varin (défense), transcrit en latin varinus ou guarinus[3].
Font de Benon
Benon est un ancien prénom, aujourd'hui désuet, déformation de Benoît[3], et un nom de famille. On retrouve Benon dans le nom du lieu-dit limitrophe de Chez Benon. Font, ou parfois funt, en poitevin et saintongeais, et plus généralement en vieux français et langue d'oc, désigne une fontaine[3] ou une source. Le pluriel est encore utilisée de nos jours dans fonts baptismaux.
On peut donc traduire le nom d'origine Font Benon comme étant « la source (de) Benon ». Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit.
De part ses racines occitanes, le t final de font n'est pas toujours muet ; on prononce alors /fɔ̃t bønɔ̃/, et non /fɔ̃ bønɔ̃/. La prononciation du t et la francisation du nom ont menés à la forme actuelle de Font de Benon. En revanche, les déformations Fond de Benon ou Fond Benon sont incorrectes.
Le Pinier
Au XIVème et XVème siècle, Pigné était déjà une paroisse indépendante de celle des Nouillers, comme en atteste un aveu de Jeanne Commart à Jean de Stuer du 27 novembre 1403. On lui ajoute parfois l'article le, comme dans un contrat de baillette entre le seigneur et le gouverneur de Taillebourg du 24 octobre 1566[4]. La graphie Pigné subsiste apparemment jusqu'au début du XVIIIème siècle, pour être remplacée par Pinier.
Pinier est le nom saintongeais de l'arbre pin (pinus pinea), et désigne par extension un lieu planté de pins[3]. Le pin n'est cependant pas une essence autochtone, si loin de la côte. En Saintonge, Aunis et Poitou la symbolique du pin est associée au protestantisme. La tradition orale rapporte que suite à la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les prédicants distribuaient des pignons de pin, invitant les protestants à signaler les maisons « amies ». La première mention du « Pinier » et des « Champs du Pinier » dans les archives du comté de Taillebourg[4] remonte à un aveu de Ponce-Auguste Sublet, marquis d'Heudicourt, seigneur de Bois-Charmant à Frédéric-Guillaume de La Trémoille, prince de Talmond et comte de Taillebourg, du 15 mai 1722, soit trente-sept ans plus tard. Avant cela, le 9 juin 1692, soit seulement sept ans après la révocation de l'Edit de Nantes, Gabriel Vitet se présente dans sa déclaration des biens de mainmorte du diocèse de Saintes comme « curé de la parroisse des Nouliers et de son annexe le Pinier »[5].
La mention de Pigné en tant que paroisse en 1403, un siècle et demi avant les débuts de la Réforme, prouve l'antériorité du nom, et réfute toute origine liée au protestantisme. On notera cependant la corrélation entre le changement de graphie et l'interdiction du culte réformé dans la région. Dans le contexte tendu de l'époque, dragonnades et conversions forcées (900 enregistrées dans la paroisse voisine de Saint-Savinien) ont marquées les esprits. Il est envisageable que les nouvelles générations et les étrangers à la région (les Vitet ou Vittet sont une famille de notables de Cognac) aient fait l'amalgame Pigné-Pinier, sans que rien ne prouve pour autant que des pins y aient un jour poussé, ni que des familles protestantes y aient vécu.
L'origine du nom Pigné est pour le moment indéterminée :
- Si des pins y ont poussé, ils y ont été introduits par l'homme pour des raisons inconnues ;
- En saintongeais, pigne désigne un peigne[6], et pignier un cardeur[3].
Le Tricholet
Tricholet est une déformation de Treuil Cholet, nom que portait encore le hameau au XIXe siècle, et que conserve la rue qui le dessert. En saintongeais, treuil désigne un pressoir. Au XVe siecle s'y élevait déjà une demeure noble, appartenant au seigneur de Tonnay-Boutonne, et dont le fief était rattaché à la paroisse d'Archingeay[4]. Il est très probable que les coteaux de la bute du Tricholet étaient alors couverts de vigne, et que le fief tirait ses revenus de la presse du raisin et de la fabrication de vin.
References
- ↑ Commission nationale de toponymie. Recommandations et observations grammaticales. CNT – CNIG 2006.17. 29 novembre 2006, mise-à-jour le 08 mars 2010.
- ↑ Académie française. Questions de langue.
- ↑ 3,0, 3,1, 3,2, 3,3 et 3,4 Éveillé, André. Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l'origine et l'historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. H. Champion, Paris et V. Moquet, Bordeaux. 1887.
- ↑ 4,0, 4,1 et 4,2 Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 29. A. Picard, Paris et C. Isambart, Saintes. 1900.
- ↑ Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 35. A. Picard, Paris et Mme Fragnaud, Saintes. 1905.
- ↑ Favre, L.. Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis. Robin et L. Favre, Niort. 1868.