Origine du nom : Différence entre versions

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== Les légendes ==
 
== Les légendes ==
  
La première en attribuerait l'origine aux Santons, peuple gaulois habitant les terres qui allaient devenir la province de Saintonge. En effet le mot gaulois ''nou'' ou ''noué'' désigne un lieu arrosé, ce qui pourrait s'expliquer par l'abondance des cours d'eau des environs<ref>Améric-Jean-Marie Gautier. Dictionnaire des communes de Charente-Maritime. Les chemins de la mémoire, novembre 2004.</ref>. Les Nouillers sont bordés par la Boutonne au nord, affluent de la Charente ; celle-ci serpente à quelques kilomètres au sud, le long de Saint-Savinien. Le Gouttemer, petit ruisseau qui prend sa source chez Cartier, serpente à travers le bourg pour se verser dans la Boutonne. À l'est, le Vivier dessine la frontière entre les Nouillers et Voissay, lui aussi se perdant dans la Boutonne.
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=== Un lieu arrosé ===
  
Une seconde hypothèse situerait l'origine du nom sous la domination du Bas-Empire romain. Plusieurs auteurs situent aux Nouillers la maison de campagne de Decimus Magnus Ausonius, dit Ausone, rhéteur et précepteur de l'empereur Gratien. Ausone est surtout connu pour être un érudit gallo-romain, ayant laissé à la postérité une vingtaine de livres, recueils de poésies et de correspondances. Par &laquo;&nbsp;maison de campagne&nbsp;&raquo;, il faut comprendre tout un domaine agricole, où ses serviteurs cultivent les champs et la vigne, acheminant son vin à Saintes sur des chars traînés par des chevaux. Voici l'une des descriptions que fait Ausone de son ''Pagus Noverus'' au cours de ses échanges épistolaires avec son ami Paulin de Nole résidant à Saragosse :
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La première en attribuerait l'origine aux Santons, peuple gaulois habitant les terres qui allaient devenir la province de Saintonge. En effet le mot gaulois ''nou'' ou ''noué'' désigne un lieu arrosé, un pré bas, ou un marécage<ref>Marie-André-Arthur Éveillé. Glossaire saintongeais. H. Champion, Paris, et V. Moquet, Bordeaux, 1887.</ref>. En vieux français, ''nouer'' signifie nager. Un exemple en est donné dans la biographie de Saint-Louis<ref>Jean de Joinville. Histoire de Saint Loys, IX. du nom, Roy de France. Entre 1305 et 1309.</ref> :
  
 
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''&laquo;&nbsp;Ter juga Burdigalae, trino me flumina caetu secernunt turbis popularibus : otiaque inter vitiferi exercent colles, laetumque colonis uber agri, tum prata virentia, tum nemus umbris mobilibus, celebrique frequens ecclesia vico : Totque mea in Novero sibi proxima praedia pago, dispositis totum vicibus variata per annum : Egelidae ut tepeant hyemes, rabidosque per aestus adspirent tenues frigus subtile aquilones.&nbsp;&raquo;''
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''&laquo;&nbsp;Le Roy envoia querir les maistres mariniers des nefz, qui amenerent avecques eulx quatre plungeons, gens qui vont ''à nou'' au fond de l'eauë comme poissons.&nbsp;&raquo;''
 
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Voici la traduction que l'en fait l'abbé Jaubert<ref>Pierre Jaubert. &OElig;uvres d'Ausone traduites en françois. Tome 4. Delalain, Paris, 1769.</ref> :
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Cette thèse est appuyée par l'abondance des cours d'eau des environs<ref>Améric-Jean-Marie Gautier. Dictionnaire des communes de Charente-Maritime. Les chemins de la mémoire, novembre 2004.</ref>. Les Nouillers sont bordés par la Boutonne au nord, affluent de la Charente ; celle-ci serpente à quelques kilomètres au sud, le long de Saint-Savinien. Le Gouttemer, petit ruisseau qui prend sa source chez Cartier, serpente à travers le bourg pour se verser dans la Boutonne. À l'est, le Vivier dessine la frontière entre les Nouillers et Voissay, lui aussi se perdant dans la Boutonne. La bande de terre au nord de la commune, bordant la Boutonne, à longtemps été une région marécageuse et insalubre.
  
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=== Les villégiatures d'Ausone ===
''&laquo;&nbsp;Séparé du peuple de Bordeaux au moyen de trois montagnes et des lits de trois fleuves<ref group="note">Ce pourrait être la Charente, la Dordogne et la Garonne.</ref>, les vignobles de mes collines, la fertilité de mes champs si agréables au laboureur, la verdure de mes prairies, l'ombre mobile de mes forêts, la compagnie nombreuse d'un bourg très peuplé, occupent tout mon loisir. Toutes mes métairies, qui se touchent dans le canton de Novero, sont tellement variées, pendant les différentes saisons de l'année, que les hivers y sont un peu chauds, et que dans les grandes chaleurs les zéphyrs y font ressentir une fraîcheur un peu vive.&nbsp;&raquo;''
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En latin, ''pagus'' désigne une bourgade, un district rural semblable au canton actuel, voir un pays, comme dans ''Pago Santonico'', la Saintonge. ''Noverus'' correspond à une &laquo;&nbsp;ferme nouvelle&nbsp;&raquo;.
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Une seconde hypothèse situerait l'origine du nom sous la domination du Bas-Empire romain, comme étant la résidence secondaire d'[[Ausone]], le ''Pagus Noverus''.
  
Dans ses notes, l'abbé Jaubert indique même que l'on voyait encore en 1769 aux Nouillers une maison que les anciens prétendaient avoir été celle d'Ausone. Bien que des recherches plus récentes remettent en doute la localisation de la villa d'Ausone aux Nouillers, et qu'aucune étude archéologique sur la commune ne soit parvenue à étayer cette hypothèse, la tradition associera sans doute pour longtemps encore à la commune des Nouillers ce qui n'est possiblement qu'une légende.
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== Étymologie et évolution ==
  
== Étymologie et évolution du nom ==
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Une explication beaucoup plus probable se base sur une colonisation du site par des paysans gallo-romains. Au Moyen-Âge, la paroisse s'appelle ''Novelarii'' ou ''Novellarii''. On en retrouve la trace en 1272 dans les lettres d'abandon d'Aymeric Guibert au maire et à la commune de Saint-Jean-d'Angély<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 24, registres de l’échevinage de Saint-Jean d’Angély. A. Picard et Z. Mortreuil, Paris, Saintes, 1895.</ref>. Le nom apparait encore un demi-siècle plus tard dans les comptes de l'archipresbytère de Taillebourg, pour la levée de subsides du pape Jean XXII<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 45. A. Picard et J. Prévost, Paris, Saintes, 1914.</ref>. On retrouve un peu plus tard, en 1529, une déformation en ''Novalarii'' dans une notice des évêques et des bénéfices à la nomination de l'évêque de Saintes<ref>Cholet (abbé) : Études historiques, géographiques, archéologiques sur l'ancien diocèse de Saintes. Z. Drouineau, La Rochelle, 1864.</ref>. Ces différentes versions découlent du latin ''novale'', terre nouvellement défrichée et mise en culture, et ''novalis'', jachère que l'on laisse reposer un an<ref>Félix Gaffiot. Dictionnaire latin-français. Hachette, 1934.</ref>. C'est ainsi que les gallo-romains désignent les terres conquises sur l'antique forêt qui recouvre l'essentiel de la région, et sur lesquelles se créent généralement un village d'agriculteurs.
  
Une explication beaucoup plus probable se base sur une colonisation du site par des paysans gallo-romains. Au Moyen-Âge, la paroisse s'appelle ''Novelarii'' ou ''Novellarii''. On en retrouve la trace en 1272 dans les lettres d'abandon d'Aymeric Guibert au maire et à la commune de Saint-Jean-d'Angély<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 24, registres de l’échevinage de Saint-Jean d’Angély. A. Picard et Z. Mortreuil, Paris, Saintes, 1895.</ref>. Le nom apparait encore un demi-siècle plus tard dans les comptes de l'archipresbytère de Taillebourg, pour la levée de subsides du pape Jean XXII<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 45. A. Picard et J. Prévost, Paris, Saintes, 1914.</ref>. On retrouve un peu plus tard, en 1529, une déformation en ''Novalarii'' dans une notice des évêques et des bénéfices à la nomination de l'évêque de Saintes<ref>Cholet (abbé) : Études historiques, géographiques, archéologiques sur
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Le nom de la paroisse se francisera par la suite en ''Noveliers'' ou ''Novelières''<ref group="note">D'autres noms de lieux ont suivi la même évolution. On peut citer ''La Novelère'' en 1361 et ''La Nouhelière'' en 1558, aujourd'hui toutes deux ''La Naulière'', respectivement des commune d'Allonne et de Pompaire dans les Deux-Sèvres. Comme pour ''Novelarii''-les Nouillers, on y constate un amuïssement de la consonne labiale derrière le &laquo;&nbsp;O&nbsp;&raquo; et des prétoniques internes.</ref><ref>Jacques Duguet. L’origine du nom des Nouillers. Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort, 1(2):36–37, mars-décembre 1958.</ref><ref>Jean-Baptiste La Curne de Saint-Palaye. Dictionnaire historique de l’ancien langage françois, volume 8. L. Havre, Niort, 1875.</ref><ref>Bélisaire Ledain. Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres. A. Dupont, Poitiers, 1802.</ref>. Ces termes sont de la famille de ''novel'', vieux français des adjectifs ''nouvel'', ''nouveau''.
l’ancien diocèse de Saintes. Z. Drouineau, La Rochelle, 1864.</ref>. Ces différentes versions découlent du latin ''novale'', terre nouvellement défrichée et mise en culture, et ''novalis'', jachère que l'on laisse reposer un an<ref>Félix Gaffiot. Dictionnaire latin-français. Hachette, 1934.</ref>. C'est ainsi que les gallo-romains désignent les terres conquises sur l'antique forêt qui recouvre l'essentiel de la région, et sur lesquelles se créent généralement un village d'agriculteurs.
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Le nom de la paroisse se francisera par la suite en ''Noveliers'' ou ''Novelières''<ref group="note">D'autres noms de lieux ont suivi la même évolution. On peut citer ''La Novelère'' en 1361 et ''La Nouhelière'' en 1558, aujourd'hui toutes deux ''La Naulière'', respectivement des commune d'Allonne et de Pompaire dans les Deux-Sèvres. Comme pour ''Novelarii''-les Nouillers, on y constate un amuïssement de la consonne labiale derrière le &laquo;&nbsp;O&nbsp;&raquo; et de la voyelle prétonique interne.</ref><ref>Jacques Duguet. L’origine du nom des Nouillers. Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort, 1(2):36–37, mars-décembre 1958.</ref><ref>Jean-Baptiste La Curne de Saint-Palaye. Dictionnaire historique de l’ancien langage françois, volume 8. L. Havre, Niort, 1875.</ref><ref>Bélisaire Ledain. Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres. A. Dupont, Poitiers, 1802.</ref>. Ces termes sont de la famille de ''novel'', vieux français des adjectifs ''nouvel'', ''nouveau''.
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Aussi, le nom de la paroisse évolue au fil des époques en ''Noulliers'', comme en atteste en 1650 la carte de Sanson<ref>Nicolas Sanson. La Saintonge vers le Septentrion avecq le pays d'Aulnis et les Isles de et Oléron. 1650.</ref>&nbsp;:
  
Aussi, le nom de la paroisse évolue au fil des époques en ''Noulliers'', comme en atteste en 1692 une déclaration des biens de mainmorte<ref>Se disait des biens des communautés, des hôpitaux, etc., considérés comme inaliénables, exonérés des droits de mutation et assujettis à une taxe spéciale.</ref> dans le diocèse de Saintes<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d'Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 35. A. Picard et Mme Fragnaud, Paris, Saintes, 1905.</ref>, ainsi que la carte de Cassini de 1771<ref>César-François Cassini de Thury, éditeur. Carte générale de la France, volume 102, Saintes. Dépôt de la guerre, 1771.</ref>. Cette graphie persistera jusqu'au début du XXe siècle, bien qu'informellement. Entre temps, le nom arrive sous sa forme finale des ''Nouillers'' ou ''Nouilliers'' à la fin du XVIIIe siècle au cours de la Révolution, comme en atteste le ''Bulletin des lois''.
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[[Fichier:Noulliers_Sanson_1650.jpg|cadre|centré|Reproduction de la carte de Nicolas Sanson, 1650. Les Nouillers et ses environs.]]
  
== Les Nouillers sous l'Empire romain ==
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Cela reste la graphie la plus répandue aux XVIIe et XVIIIe siècle, que l'on retrouve notamment en 1692 dans une déclaration des biens de mainmorte<ref group="note">Se disait des biens des communautés, des hôpitaux, etc., considérés comme inaliénables, exonérés des droits de mutation et assujettis à une taxe spéciale. (Dictionnaire de l'Académie Française)</ref> dans le diocèse de Saintes<ref>Société des archives historiques de la Saintonge et d'Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 35. A. Picard et Mme Fragnaud, Paris, Saintes, 1905.</ref>, ainsi que la carte de Cassini de 1771<ref>César-François Cassini de Thury, éditeur. Carte générale de la France, volume 102, Saintes. Dépôt de la guerre, 1771.</ref>. Cette graphie persistera jusqu'au début du XXe siècle, bien qu'informellement.
  
Avant d'aborder l'histoire même des Nouillers, il est nécessaire de la resituer dans le contexte de l'époque. La géographie du pays des Santons est très différente de celle de la Saintonge contemporaine. L'océan Atlantique pénètre beaucoup plus profondément dans les terres. Le marais de la Petite Flandre, qui ne sera asséché qu'au XVIIe siècle par des ingénieurs hollandais spécialistes en poldérisation, n'est encore que le Golfe de Saintonge, s'avançant jusqu'à Muron. Moragne est alors un port de commerce. La partie occidentale du département est principalement immergé ; les quelques terres émergées forment un archipel, entre Thairé et Corme-Royal à l'est et l'île d'Oléron (''Uliarius'') à l'ouest. L'essentiel des terres émergées sont boisées, et le site actuel des Nouillers est recouvert d'un épaisse forêt giboyeuse, où pullulent les sangliers et les cerfs.
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[[Fichier:Panification noulliers.jpg|cadre|centré|La variante ''Noulliers'' était toujours utilisée au début du XXe siècle. Ici, la famille Durand posant devant la carriole de distribution du pain. Cliché estimé aux environs de 1905. Archives familiales, famille Coadou-Servant.]]
  
[[Fichier:Saintonge romaine.jpg|cadre|centré|Estimation de la situation des Nouillers dans la Gaule gallo-romaine. Les principales cités de la région sont Muron (''Muro'') au nord, Saintes (''Mediolanum Santonum'') au sud, et Aulnay (''Aunedonnacum'') à l’est. Reproduction de la carte de l’abbé Lacurie<ref>Auguste Lacurie. Carte du pays des Santones sous les Romains. Imp. lith. de Charpentier, Nantes.</ref>.]]
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Entre temps, le nom arrive sous sa forme finale des ''Nouillers'' ou ''Nouilliers''<ref>Bulletin des Lois de la République Française. Partie supplémentaire, n°204. Décret n°5415. Décret qui autorise l'inscription, au Trésor public, de cent vingt-six Pensions militaires et à titre de Récompense nationale, du 18 juillet 1851.</ref><ref>Bulletin des Lois de la République Française. Partie supplémentaire, n°131. Décret n°1740. Décret portant concession de 109 Pensions de retraite sur les fonds de la Caisse des Invalides de la Marine, du 12 mars 1872.</ref> à la fin du XVIIIe siècle au cours de la Révolution, comme en atteste le ''Bulletin des lois'' ; les deux versions coexistent au cours du XIXe siècle. L'une des toutes premières apparitions du nom des ''Nouillers'' sous sa forme courante remonte néanmoins à la carte de Nolin<ref>Jean-Baptiste Nolin. La généralité de La Rochelle. Vers 1688.</ref>&nbsp;:
  
À une vingtaine de kilomètres plus au sud, Saintes, ou plutôt ''Mediolanum Santonum'', est une riche cité ayant acquis une importance économique et politique considérable. En l'an 16 avant notre ère, sous le règne d'Auguste, elle devient la première capitale de la province d'Aquitaine et se pare de magnifiques monuments au cours des deux siècles suivants.
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[[Fichier:Nouillier_Nolin_1688.jpg|cadre|centré|Reproduction de la carte de Jean-Baptiste Nolin, géographe ordinaire du roi, v. 1688. Les localisations des villages restent aléatoires, mais les graphies de leurs noms sont frappantes de ressemblance avec celles aujourd'hui connues.]]
  
[[Fichier:Altitude_golfe_saintonge.png|cadre|droite|upright=0.5|Superposition d'une vue satellite des marais de Rochefort et d'une carte altimétrique. L'essentiel des régions de couleur turquoise étaient immergées, laissant deviner le vaste estuaire de la Charente, où se jetait la Boutonne.]]
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== Les variantes ==
  
La Boutonne, qui se jette quasiment dans l'estuaire de la Charente, porte alors le nom de ''Vultonna'' : il découle de la racine hydronymique celtique ''vol-'', suffixée de ''-onna''. En gaulois, ''voleo'' signifie &laquo;&nbsp;se baigner&nbsp;&raquo;, tandis que ''onna'' désigne une source ou un cours d'eau<ref group="note">La même construction a donné son nom à la Vologne, dans les Vosges, et à la Voutonne, un affluent de la Sarthe.</ref>. Jusqu'à une époque assez récente on prononçait d'ailleurs &laquo;&nbsp;Voutonne&nbsp;&raquo; en Saintonge.
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Au cours des évolutions de la langue française, le nom du village fut parfois déformé de façons plus ou moins heureuses. On peut citer notamment&nbsp;:
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* ''La Noulie''<ref>Jean le Clerc. Le Théâtre géographique du Royaume de France. Paris, vers 1621.</ref> (1621)
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* ''Les Mouliers''<ref>Alexis-Hubert Jaillot. La Province de Poitou et le Pays d'Aunis. Plusieurs versions entre 1707 et 1793.</ref> (1707-1793)
  
Selon Lesson<ref>René-Primevère Lesson. Histoire, archéologie et légendes des Marches de la Saintonge. Henry Loustau et Cie, Rochefort, 1845.</ref>, une voie romaine passait non loin des Nouillers :
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== Liens externes ==
 
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''Proche Tonnay-Boutonne passait une voie romaine qui n'est indiquée par aucun auteur pas même par M. Lacurie qui a fait un travail spécial sur les routes romaines de la Saintonge. Cette voie devait venir d'Archingeay ou des Nouillers, passer au pied du burgus, longer la hauteur du Puy-du-Lac et se rendre au port de Moragne, sur le bord de l'Océan, tandis qu'un embranchement devait gagner Muron par Genouillé.''
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Le plus probable est qu'elle reliait Saintes au port de Moragne via Archingeay. Cette dernière abritait une source médicinale très réputée chez les Gallo-Romains. À son sujet, Lesson écrit :
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''Le nom d'Archingeay est emprunté aux langues celtique et latine car il vient d'arc, lieu habité, cinctus, entouré et geay, forêts. C'était un vicus gaulois ayant une tombelle au lieu encore nommé aujourd'hui la Motte, et qui, au temps de l'occupation romaine, devint un bourg très fréquenté. La vieille société Gallo-Romaine s'y rendait comme on le fait aujourd'hui pour les eaux médicinales de Vichy et de Bagnères, car les eaux minérales d'Archingeay, jouissaient d'une grande célébrité. Les désoeuvrés y affluaient comme les malades ; les premiers pour y recevoir des émotions et des jouissances, les autres dans l'espoir d'y rétablir leur santé.''
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Ainsi, Archingeay était entouré de forêts, et la bonne société saintaise s'y rendait en cure pour les vertus de ses sources. Des sources dont les propriétés, selon les analyses modernes, présentaient des similitudes avec celles de Contrexeville et Saint-Amand. Il est alors raisonnable de penser que toute cette effervescence a poussé les paysans de la région à gagner des terres toujours plus à l'est, et défricher les terres de ''Novelarii'', notamment le long de la Boutonne.
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[http://fr.wikipedia.org/wiki/Ancien_fran%C3%A7ais Wikipedia : Ancien français]
  
 
== Notes ==
 
== Notes ==

Version actuelle en date du 6 mai 2015 à 14:31

Autrefois paroisse, aujourd'hui commune, Les Nouillers est une bourgade du canton de Saint-Savinien, en Charente-Maritime. Mais pourquoi « Les Nouillers » ? L'origine de ce nom se perd dans l'Antiquité, preuve que le lieu est connu de l'homme, et même habité et exploité de longue date. Les noms de lieux comme celui-ci sont, pour la plupart, issus de mots régionaux aujourd'hui tombés en désuétude. Plusieurs hypothèses ont été avancées quant à l'origine de celui de la commune.

Les légendes

Un lieu arrosé

La première en attribuerait l'origine aux Santons, peuple gaulois habitant les terres qui allaient devenir la province de Saintonge. En effet le mot gaulois nou ou noué désigne un lieu arrosé, un pré bas, ou un marécage[1]. En vieux français, nouer signifie nager. Un exemple en est donné dans la biographie de Saint-Louis[2] :

« Le Roy envoia querir les maistres mariniers des nefz, qui amenerent avecques eulx quatre plungeons, gens qui vont à nou au fond de l'eauë comme poissons. »

Cette thèse est appuyée par l'abondance des cours d'eau des environs[3]. Les Nouillers sont bordés par la Boutonne au nord, affluent de la Charente ; celle-ci serpente à quelques kilomètres au sud, le long de Saint-Savinien. Le Gouttemer, petit ruisseau qui prend sa source chez Cartier, serpente à travers le bourg pour se verser dans la Boutonne. À l'est, le Vivier dessine la frontière entre les Nouillers et Voissay, lui aussi se perdant dans la Boutonne. La bande de terre au nord de la commune, bordant la Boutonne, à longtemps été une région marécageuse et insalubre.

Les villégiatures d'Ausone

Une seconde hypothèse situerait l'origine du nom sous la domination du Bas-Empire romain, comme étant la résidence secondaire d'Ausone, le Pagus Noverus.

Étymologie et évolution

Une explication beaucoup plus probable se base sur une colonisation du site par des paysans gallo-romains. Au Moyen-Âge, la paroisse s'appelle Novelarii ou Novellarii. On en retrouve la trace en 1272 dans les lettres d'abandon d'Aymeric Guibert au maire et à la commune de Saint-Jean-d'Angély[4]. Le nom apparait encore un demi-siècle plus tard dans les comptes de l'archipresbytère de Taillebourg, pour la levée de subsides du pape Jean XXII[5]. On retrouve un peu plus tard, en 1529, une déformation en Novalarii dans une notice des évêques et des bénéfices à la nomination de l'évêque de Saintes[6]. Ces différentes versions découlent du latin novale, terre nouvellement défrichée et mise en culture, et novalis, jachère que l'on laisse reposer un an[7]. C'est ainsi que les gallo-romains désignent les terres conquises sur l'antique forêt qui recouvre l'essentiel de la région, et sur lesquelles se créent généralement un village d'agriculteurs.

Le nom de la paroisse se francisera par la suite en Noveliers ou Novelières[note 1][8][9][10]. Ces termes sont de la famille de novel, vieux français des adjectifs nouvel, nouveau.

Aussi, le nom de la paroisse évolue au fil des époques en Noulliers, comme en atteste en 1650 la carte de Sanson[11] :

Reproduction de la carte de Nicolas Sanson, 1650. Les Nouillers et ses environs.

Cela reste la graphie la plus répandue aux XVIIe et XVIIIe siècle, que l'on retrouve notamment en 1692 dans une déclaration des biens de mainmorte[note 2] dans le diocèse de Saintes[12], ainsi que la carte de Cassini de 1771[13]. Cette graphie persistera jusqu'au début du XXe siècle, bien qu'informellement.

La variante Noulliers était toujours utilisée au début du XXe siècle. Ici, la famille Durand posant devant la carriole de distribution du pain. Cliché estimé aux environs de 1905. Archives familiales, famille Coadou-Servant.

Entre temps, le nom arrive sous sa forme finale des Nouillers ou Nouilliers[14][15] à la fin du XVIIIe siècle au cours de la Révolution, comme en atteste le Bulletin des lois ; les deux versions coexistent au cours du XIXe siècle. L'une des toutes premières apparitions du nom des Nouillers sous sa forme courante remonte néanmoins à la carte de Nolin[16] :

Reproduction de la carte de Jean-Baptiste Nolin, géographe ordinaire du roi, v. 1688. Les localisations des villages restent aléatoires, mais les graphies de leurs noms sont frappantes de ressemblance avec celles aujourd'hui connues.

Les variantes

Au cours des évolutions de la langue française, le nom du village fut parfois déformé de façons plus ou moins heureuses. On peut citer notamment :

  • La Noulie[17] (1621)
  • Les Mouliers[18] (1707-1793)

Liens externes

Wikipedia : Ancien français

Notes

  1. D'autres noms de lieux ont suivi la même évolution. On peut citer La Novelère en 1361 et La Nouhelière en 1558, aujourd'hui toutes deux La Naulière, respectivement des commune d'Allonne et de Pompaire dans les Deux-Sèvres. Comme pour Novelarii-les Nouillers, on y constate un amuïssement de la consonne labiale derrière le « O » et des prétoniques internes.
  2. Se disait des biens des communautés, des hôpitaux, etc., considérés comme inaliénables, exonérés des droits de mutation et assujettis à une taxe spéciale. (Dictionnaire de l'Académie Française)

Références

  1. Marie-André-Arthur Éveillé. Glossaire saintongeais. H. Champion, Paris, et V. Moquet, Bordeaux, 1887.
  2. Jean de Joinville. Histoire de Saint Loys, IX. du nom, Roy de France. Entre 1305 et 1309.
  3. Améric-Jean-Marie Gautier. Dictionnaire des communes de Charente-Maritime. Les chemins de la mémoire, novembre 2004.
  4. Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 24, registres de l’échevinage de Saint-Jean d’Angély. A. Picard et Z. Mortreuil, Paris, Saintes, 1895.
  5. Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 45. A. Picard et J. Prévost, Paris, Saintes, 1914.
  6. Cholet (abbé) : Études historiques, géographiques, archéologiques sur l'ancien diocèse de Saintes. Z. Drouineau, La Rochelle, 1864.
  7. Félix Gaffiot. Dictionnaire latin-français. Hachette, 1934.
  8. Jacques Duguet. L’origine du nom des Nouillers. Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort, 1(2):36–37, mars-décembre 1958.
  9. Jean-Baptiste La Curne de Saint-Palaye. Dictionnaire historique de l’ancien langage françois, volume 8. L. Havre, Niort, 1875.
  10. Bélisaire Ledain. Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres. A. Dupont, Poitiers, 1802.
  11. Nicolas Sanson. La Saintonge vers le Septentrion avecq le pays d'Aulnis et les Isles de Ré et Oléron. 1650.
  12. Société des archives historiques de la Saintonge et d'Aunis, éditeur. Archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, volume 35. A. Picard et Mme Fragnaud, Paris, Saintes, 1905.
  13. César-François Cassini de Thury, éditeur. Carte générale de la France, volume 102, Saintes. Dépôt de la guerre, 1771.
  14. Bulletin des Lois de la République Française. Partie supplémentaire, n°204. Décret n°5415. Décret qui autorise l'inscription, au Trésor public, de cent vingt-six Pensions militaires et à titre de Récompense nationale, du 18 juillet 1851.
  15. Bulletin des Lois de la République Française. Partie supplémentaire, n°131. Décret n°1740. Décret portant concession de 109 Pensions de retraite sur les fonds de la Caisse des Invalides de la Marine, du 12 mars 1872.
  16. Jean-Baptiste Nolin. La généralité de La Rochelle. Vers 1688.
  17. Jean le Clerc. Le Théâtre géographique du Royaume de France. Paris, vers 1621.
  18. Alexis-Hubert Jaillot. La Province de Poitou et le Pays d'Aunis. Plusieurs versions entre 1707 et 1793.