Antiquité : Différence entre versions

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La commune voisine d'Archingeay était peuplée avant la conquête romaine. Elle abritait deux sources médicinale très réputée chez les Gallo-Romains, aujourd'hui tombées dans l'oubli. Elles jaillissaient près du château de la Vallée, dans un bassin pavé de pierres de taille, de huit pieds de long, par cinq de large et cinq de profondeur, connu sous le nom de &laquo;&nbsp;fontaine carrée&nbsp;&raquo;. Une eau limpide jaillissait en bouillonnant de deux petites sources de 16 à 18 millimètres de diamètre<ref name="Massiou1837">Daniel Massiou. Notice sur l'établissement de bains gallo-romains d'Archingeay, près de St.-Jean d'Angély, dans Bulletin monumental, tome 3. Société française d'archéologie, 1837.</ref>.
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=== Archingeay, un lieu fréquenté ===
  
On doit à Marchant<ref>Jean-Mathias-Gabriel Marchant. Analyse raisonnée des eaux minérales de la vallée d'Archingeay, en Saintonge. P. Toussaints, Saintes, 1777.</ref> la première étude scientifique de ces eaux, qu'il qualifie de froides, minérales et ferrugineuses. D'après son analyse, elles présentent des similitudes avec celles de Forges, Spa et Saint-Amand. À son sujet, Lesson écrit :
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La commune voisine d'Archingeay était peuplée avant la conquête romaine. Le village abritait deux sources médicinale très réputée chez les Gallo-Romains, aujourd'hui tombées dans l'oubli. À leur sujet, Lesson<ref name="Lesson1845">René-Primevère Lesson. Histoire, archéologie et lègendes des Marches de la Saintonge. Henry Loustau et Cie, Rochefort, 1845.</ref> écrit :
  
 
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Ainsi, Archingeay était entouré de forêts, notamment celle des Nouillers, et la bonne société saintaise s'y rendait en cure pour les vertus de ses sources. Il est alors raisonnable de penser que cette relative effervescence économique a poussé les paysans de la région à gagner des terres toujours plus à l'est, en particulier le long de la Boutonne, et ainsi défricher les terres de [[Origine du nom#Étymologie et évolution|''Novelarii'']].
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Elles jaillissaient près du château de la Vallée, dans un bassin pavé de pierres de taille, de huit pieds de long, par cinq de large et cinq de profondeur, connu sous le nom de &laquo;&nbsp;fontaine carrée&nbsp;&raquo;. Une eau limpide jaillissait en bouillonnant de deux petites sources de 16 à 18 millimètres de diamètre<ref name="Massiou1837">Daniel Massiou. Notice sur l'établissement de bains gallo-romains d'Archingeay, près de St.-Jean d'Angély, dans Bulletin monumental, tome 3. Société française d'archéologie, 1837.</ref>. Au gout et à l'odeur, elles évoquaient les œufs pourris. On doit à Marchant<ref>Jean-Mathias-Gabriel Marchant. Analyse raisonnée des eaux minérales de la vallée d'Archingeay, en Saintonge. P. Toussaints, Saintes, 1777.</ref> la première étude scientifique de ces eaux, qu'il qualifie de froides, minérales, ferrugineuses. D'après son analyse, elles présentent des similitudes avec celles de Forges, Spa et Saint-Amand.
  
Le monastère d'Archingeay fut fondé aux dernières heures du Bas-Empire romain lors de la christianisation de la Gaule. Selon le témoignage de Massiou<ref name="Massiou1837" /> de la première moitié du XIXe siècle&nbsp;:
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Le monastère d'Archingeay fut fondé aux dernières heures du Bas-Empire romain lors de la christianisation de la Gaule. C'est dans ce monastère qu'aurait fini ses jours Saint Malo au VIIe siècle<ref group="note">Saint Malo ou Saint Maclou, premier évêque d'Aleth, aujourd'hui Saint-Malo (Ille-et-Villaine).</ref>. Il fut très probablement pillé et incendié par les Vikings au IXe ou Xe siècle. Selon le témoignage de Massiou<ref name="Massiou1837" /> de la première moitié du XIXe siècle&nbsp;:
  
 
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Selon Lesson<ref name="Lesson1845">René-Primevère Lesson. Histoire, archéologie et lègendes des Marches de la Saintonge. Henry Loustau et Cie, Rochefort, 1845.</ref>, une voie romaine passait non loin des Nouillers&nbsp;:
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Sous l'une des dalles de la fontaine, il fut découvert deux médailles en bronze. L'une d'elles était à l'effigie de Constantin I<sup>er</sup>, premier empereur romain à s'être converti au christianisme ; l'autre représentait Licinius, co-auteur avec Constantin de l'édit de Milan, qui mit fin en 313 aux persécutions des chrétiens.
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Un sarcophage en pierre fut également découvert près de l'actuelle église d'Archingeay<ref name="Massiou1837" />. L'extérieur portait une croix latine, ce qui indique que son occupant était chrétien, et son couvercle scellé de ciment. À l'intérieur, on découvrit des ossements qui se désagrégèrent au touché, accompagnés de somptueuses parures : une bague en or au chaton ciselé, une alliance en cuivre portant le monogramme &laquo;&nbsp;F.o.N.T.E.&nbsp;&raquo;<ref group="note">Cela laisserait supposer que le nom de son époux était Fontéius.</ref>, deux boucles d'oreille en or travaillé de 38 millimètres de diamètre, et deux plaques de bracelet en or serties de pierres de grenat, et des paillettes, seules traces d'une robe richement décorée. Il est raisonnable de penser que cette aristocrate ou bourgeoise gallo-romaine était venue en cure à Archingeay, y chercher la guérison dans ses eaux thermales, et que la maladie l'a emportée. Elle aurait été inhumée sur place, avec ses bijoux, selon la tradition de l'époque. D'autres tombeaux, plus modestes, furent decouverts aux alentours ; ils contenaient des anneaux et chaînettes en cuivre<ref>Améric-Jean-Marie Gautier. Statistique du département de la Charente-Inférieure. G. Maréschal, La Rochelle, 1839.</ref>.
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Ainsi, Archingeay était entouré de forêts, notamment celle des Nouillers, et la bonne société saintaise s'y rendait en cure pour les vertus de ses sources. Il est alors raisonnable de penser que cette relative effervescence économique a poussé les paysans de la région à gagner des terres toujours plus à l'est, en particulier le long de la Boutonne, et ainsi défricher les terres des Nouillers, comme l'indique l'étymologie de [[Origine du nom#Étymologie et évolution|''Novelarii'']].
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Version du 15 avril 2015 à 18:10

Contexte

Avant d'aborder l'histoire même des Nouillers, il est nécessaire de la resituer dans le contexte de l'époque. La géographie du pays des Santons est très différente de celle de la Saintonge contemporaine, fruit de deux millénaires de changements climatiques et d'interventions humaines. Le niveau de la mer à certes nettement baissé depuis, et la côte déchirée s'est envasée par l'accumulation d'alluvions fluviomarines. On ne peut cependant ignorer l'action de l'Homme qui, à force d'exploitation du sel, de drainage et d'endiguement, a peu à peu modelé le littoral à sa guise.

Estimation de la situation des Nouillers dans la Gaule gallo-romaine. Les principales cités de la région sont Muron (Muro) au nord, Saintes (Mediolanum Santonum) au sud, et Aulnay (Aunedonnacum) à l’est. Reproduction de la carte de l'abbé Lacurie[1].

L'océan Atlantique pénètre beaucoup plus profondément dans les terres. Le marais de la Petite Flandre, qui ne sera asséché qu'au XVIIe siècle par des ingénieurs hollandais spécialistes en poldérisation, n'est encore que le Golfe de Saintonge, s'avançant jusqu'à Muron. Moragne est alors un port de commerce. La partie occidentale du département est principalement immergé ; les quelques terres émergées forment un archipel d'une vingtaine d'îles, entre Thairé au Nord-Est, Corme-Royal au Sud-Est, et l'île d'Oléron (Uliarius) à l'ouest. Les sites de Rochefort, Fouras, Yves, entre autres, sont insulaires. On devine encore ce littoral antique où, au milieu des prés salés de Brouage ou de Rochefort, vastes plaines herbeuses, s'égrainent ici et là des bosquets perchés sur les rares collines, vestiges des îles d'antan. Des presqu'îles effilées percent l'océan, du Gua à Marennes, et d'Échillais à Port-des-Barques.

Superposition d'une vue satellite des marais de Rochefort et d'une carte altimétrique. Les fouilles archéologiques et les récentes modélisation de l'évolution du climat indiquent que le niveau de la mer était alors plus élevé d'une dizaine de mètres. L'essentiel des régions de couleur turquoise étaient donc immergées, laissant deviner le vaste estuaire de la Charente (Carantonus), où se jetait la Boutonne (Vultonna).

L'essentiel des terres émergées sont boisées. Le continent, et notamment le site actuel des Nouillers, est recouvert d'un épaisse forêt giboyeuse, où pullulent les sangliers et les cerfs.

La Boutonne, qui se jette quasiment dans l'estuaire de la Charente, porte alors le nom de Vultonna : il découle de la racine hydronymique celtique vol-, suffixée de -onna. En gaulois, voleo signifie « se baigner », tandis que onna désigne une source ou un cours d'eau[note 1]. Jusqu'à une époque assez récente on prononçait d'ailleurs « Voutonne » en Saintonge.

À une vingtaine de kilomètres plus au sud, Saintes, alors Mediolanum Santonum (qui peut se traduire par « ville centrale des Santons »), est une riche cité ayant acquis une importance économique et politique considérable. En l'an 16 avant notre ère, sous le règne d'Auguste, elle devient la première capitale de la province d'Aquitaine et se pare de magnifiques monuments au cours des deux siècles suivants. Pour donner un ordre d'idée de la population locale, on estime que Saintes comptait environ 8 000 habitants en l'an 19, lors de la construction de l'arc de Germanicus, et environ 15 000 un siècle plus tard. La cité est l'un des principaux nœuds routiers de la façade Atlantique, desservie par plusieurs voies romaines :

  • La Via Agrippa à l'Est, vers Lyon (Lugdunum), capitale des Gaules, par Limoges (Augustoritum),
  • Le chemin Boisné au Sud-Est, vers Périgueux (Vesunna), se prolongeant jusqu'à Nîmes (Nemausus) pour rejoindre la Via Domitia,
  • La route de Tours (Caesarodunum, puis Civitas Turonorum au IVe siècle) à Bordeaux (Burdigala), traversant du Nord-Est au Sud. Elle passait à une quinzaine de kilomètres au Sud-Est des Nouillers, par Brizambourg.

Colonisation

Archingeay, un lieu fréquenté

La commune voisine d'Archingeay était peuplée avant la conquête romaine. Le village abritait deux sources médicinale très réputée chez les Gallo-Romains, aujourd'hui tombées dans l'oubli. À leur sujet, Lesson[2] écrit :

« Le nom d'Archingeay est emprunté aux langues celtique et latine car il vient d'arc, lieu habité, cinctus, entouré et geay, forêts. C'était un vicus gaulois ayant une tombelle au lieu encore nommé aujourd'hui la Motte, et qui, au temps de l'occupation romaine, devint un bourg très fréquenté. La vieille société Gallo-Romaine s'y rendait comme on le fait aujourd'hui pour les eaux médicinales de Vichy et de Bagnères, car les eaux minérales d'Archingeay, jouissaient d'une grande célébrité. Les désœuvrés y affluaient comme les malades ; les premiers pour y recevoir des émotions et des jouissances, les autres dans l'espoir d'y rétablir leur santé. »

Elles jaillissaient près du château de la Vallée, dans un bassin pavé de pierres de taille, de huit pieds de long, par cinq de large et cinq de profondeur, connu sous le nom de « fontaine carrée ». Une eau limpide jaillissait en bouillonnant de deux petites sources de 16 à 18 millimètres de diamètre[3]. Au gout et à l'odeur, elles évoquaient les œufs pourris. On doit à Marchant[4] la première étude scientifique de ces eaux, qu'il qualifie de froides, minérales, ferrugineuses. D'après son analyse, elles présentent des similitudes avec celles de Forges, Spa et Saint-Amand.

Le monastère d'Archingeay fut fondé aux dernières heures du Bas-Empire romain lors de la christianisation de la Gaule. C'est dans ce monastère qu'aurait fini ses jours Saint Malo au VIIe siècle[note 2]. Il fut très probablement pillé et incendié par les Vikings au IXe ou Xe siècle. Selon le témoignage de Massiou[3] de la première moitié du XIXe siècle :

« En examinant attentivement ces ruines, qui occupent en longueur soixante-dix pieds de terrain, on reconnaît encore une partie du cloître et le plan d'une église avec deux ailes ou nefs latérales sans transepts, terminée, au levant, par un hémicycle ou apside semi-circulaire, à la manière des premières basiliques chrétiennes.
Dans la partie du cloître qui regarde le nord-ouest, on trouve un réservoir pavé en briques liées avec du ciment et en pierres plates ayant vingt-deux pouces en carré, et dans sa partie qui fait face au sud-est, on suit jusqu'à une certaine distance un canal revêtu d'une épaisse couche de ciment. »

De là, l'auteur suppose que les moines étaient chargés d'apporter leurs soins aux malades du pays et aux curistes, comme le faisaient couramment les premiers moines aux environs de la chute de l'Empire. L'eau des sources, à environ cent-cinquante mètres au Sud-Est, était amenée au monastère par des rigoles empierrées dont il observa les vestiges.

Sous l'une des dalles de la fontaine, il fut découvert deux médailles en bronze. L'une d'elles était à l'effigie de Constantin Ier, premier empereur romain à s'être converti au christianisme ; l'autre représentait Licinius, co-auteur avec Constantin de l'édit de Milan, qui mit fin en 313 aux persécutions des chrétiens.

Un sarcophage en pierre fut également découvert près de l'actuelle église d'Archingeay[3]. L'extérieur portait une croix latine, ce qui indique que son occupant était chrétien, et son couvercle scellé de ciment. À l'intérieur, on découvrit des ossements qui se désagrégèrent au touché, accompagnés de somptueuses parures : une bague en or au chaton ciselé, une alliance en cuivre portant le monogramme « F.o.N.T.E. »[note 3], deux boucles d'oreille en or travaillé de 38 millimètres de diamètre, et deux plaques de bracelet en or serties de pierres de grenat, et des paillettes, seules traces d'une robe richement décorée. Il est raisonnable de penser que cette aristocrate ou bourgeoise gallo-romaine était venue en cure à Archingeay, y chercher la guérison dans ses eaux thermales, et que la maladie l'a emportée. Elle aurait été inhumée sur place, avec ses bijoux, selon la tradition de l'époque. D'autres tombeaux, plus modestes, furent decouverts aux alentours ; ils contenaient des anneaux et chaînettes en cuivre[5].

Défrichages à l'Est

Ainsi, Archingeay était entouré de forêts, notamment celle des Nouillers, et la bonne société saintaise s'y rendait en cure pour les vertus de ses sources. Il est alors raisonnable de penser que cette relative effervescence économique a poussé les paysans de la région à gagner des terres toujours plus à l'est, en particulier le long de la Boutonne, et ainsi défricher les terres des Nouillers, comme l'indique l'étymologie de Novelarii.

Selon Lesson[2], une voie romaine passait non loin des Nouillers :

« Proche Tonnay-Boutonne passait une voie romaine qui n'est indiquée par aucun auteur pas même par M. Lacurie qui a fait un travail spécial sur les routes romaines de la Saintonge. Cette voie devait venir d'Archingeay ou des Nouillers, passer au pied du burgus, longer la hauteur du Puy-du-Lac et se rendre au port de Moragne, sur le bord de l'Océan, tandis qu'un embranchement devait gagner Muron par Genouillé. »

Il faut cependant être très prudent avec ces affirmations, qui ne semblent corroborées par aucun indice archéologique. D'autant que le tracé ainsi décrit lui aurait fait franchir la Boutonne au beau milieu des marais d'Archingeay, à l'époque inondés. Le plus probable est qu'elle reliait Saintes à Archingeay, et s'y terminait sans doute. Il a été établi l'existence d'un gué reliant les Nouillers à Torxé[6]. Cela prouve, à défaut de voie romaine, que Les Nouillers était un lieu de franchissement de la Boutonne en aval de Saint-Jean-d'Angély ; mais rien ne permet d'affirmer, a priori, que Les Nouillers était desservi par une voie romaine proprement dite, c'est-à-dire une route empierrée.

Une autre légende de la région situe au village des Houillères l'antique villa romaine, parfois même élevée au rang de « ville » et connue sous le nom de la Rimandière en Oriou. Là encore, hormis des briques et tuiles romaines retrouvées sur place, rien ne semble corroborer qu'il ait pu y avoir, un jour, autre chose qu'un hameau de paysans à cet endroit[2].

Vestiges archéologiques

Buste d'homme

Au Port-Laroche fut découvert un buste gallo-romain, dans des circonstances aujourd’hui inconnues. Il est aujourd’hui exposé au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye. C’est une pièce en calcaire de 75 cm de haut, par 65 cm de large et 35 cm d’épaisseur, fragment d’un plus grand groupe sculptural. Éprouvé par le temps, il laisse néanmoins deviner certains détails. Il est décrit comme « un buste d’homme nu à tête barbue grotesque rentrée dans les épaules, [qui] paraît supporter le poids d’un personnage dont les mains s’appuient sur les épaules et le genou sur la tête du buste »[7].

Buste d'homme nu à tête barbue grotesque, découvert au Port Laroche. Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye.

Les interprétations de ce qu’a pu être l’oeuvre dans son ensemble varient. Certains auteurs y voient une représentation de Silène, dieu grec de l’Ivresse, portant une outre[8]. D’autres observent un géant dominé par le second personnage. Ce pourrait alors être un anguipède, créature à forme humaine dont le corps finit en queue de serpent. Il serait alors terrassé par Jupiter, dieu latin des cieux. Le « Jupiter à l’anguipède » est un ensemble typique du panthéon gallo-romain, symbolisant le combat du ciel et de la lumière contre les forces du mal issues de la Terre, le triomphe du jour sur la nuit. Jupiter est usuellement paré de son armure et de ses atours, monté sur un cheval piétinant de ses sabots l’anguipède. Cependant, le Jupiter de cet ensemble aurait été représenté debout, supporté par l’anguipède. Plusieurs exemples de ce type ont été retrouvés non loin dans la région de Bordeaux[9]. Une interprétation corrélée à la précédente consiste à voir Jupiter lancer ses éclairs sur la Terre, incarnée par le géant, pour en faire jaillir des sources. Les gallo-romains amalgamaient Jupiter, père des dieux latins, à Taranis, dieu de la foudre dans la mythologie celtique. Ainsi le « Jupiter à l’anguipède » semble associé à la symbolique de l’eau dans certaines régions de Gaule, où nombre d’entre eux ont été retrouvés à proximité de thermes, sources ou plans d’eau. Cette dernière conclusion appuie l’hypothèse que les Nouillers étaient connus, dès l’Antiquité, pour ses nombreux cours d’eau.

Moulin à eau

En 2008, le club de plongée de Saint-Jean-d’Angély participe à une prospection[10] de la Boutonne aux environs du Port-Laroche. Un ensemble de bois et pieux, équarris et possiblement percés de mortaises, y émergent de la berge. Les datations en laboratoire les placent dans une fourchette allant du Ier au IIIe siècle, ce que confirme des tessons d’amphore découverts à proximité immédiate. À défaut de voies de communications qui pourraient indiquer la présence d’un pont ou d’un quai, l’hypothèse la plus probable est la présence d’un antique moulin à eau. Peu sujette aux crues, la Boutonne est adéquate pour accueillir un moulin à eau, à condition d’aménager un bief[note 4] suffisamment large pour compenser son faible débit. Il est d’ailleurs à noter que le lit de la Boutonne s’est quelque peu décalé depuis l’époque antique, une des raisons pour lesquelles l’installation meunière a pu être ensevelie au fil des siècles. Les restes visibles aujourd'hui correspondraient au boisage du bief.

Poteries

En 1886, des ouvriers découvrent un puits funéraire lors de la mise en culture d'un bois appartenant à M. Morin. Ils « ont exploré jusqu’à trois mètres une excavation ronde, pleine de cendres, d’os, de débris de poterie »[11]. Les couches supérieures contenaient des tessons de pots et bujours relativement modernes, jusqu’à des briques et tuiles romaines dans les couches les plus profonde.

En 2009, l’exploration du lit de la Boutonne se poursuit en aval[12], au niveau du Pas du Pré. Une zone large de cent mètres est relativement fructueuse, révélant de nombreux fragments de tegulæ[note 5].

Liens externes

Notes

  1. La même construction a donné son nom à la Vologne, dans les Vosges, et à la Voutonne, un affluent de la Sarthe.
  2. Saint Malo ou Saint Maclou, premier évêque d'Aleth, aujourd'hui Saint-Malo (Ille-et-Villaine).
  3. Cela laisserait supposer que le nom de son époux était Fontéius.
  4. Canal parallèle au lit de la rivière, destiné à amener l’eau à la roue du moulin.
  5. Tuiles romaines.

Références

  1. Auguste Lacurie. Carte du pays des Santones sous les Romains. Imp. lith. de Charpentier, Nantes.
  2. 2,0, 2,1 et 2,2 René-Primevère Lesson. Histoire, archéologie et lègendes des Marches de la Saintonge. Henry Loustau et Cie, Rochefort, 1845.
  3. 3,0, 3,1 et 3,2 Daniel Massiou. Notice sur l'établissement de bains gallo-romains d'Archingeay, près de St.-Jean d'Angély, dans Bulletin monumental, tome 3. Société française d'archéologie, 1837.
  4. Jean-Mathias-Gabriel Marchant. Analyse raisonnée des eaux minérales de la vallée d'Archingeay, en Saintonge. P. Toussaints, Saintes, 1777.
  5. Améric-Jean-Marie Gautier. Statistique du département de la Charente-Inférieure. G. Maréschal, La Rochelle, 1839.
  6. Claude Thomas. Histoire de Tonnay-Boutonne et de ses seigneurs. Le Croît Vif, Saintes, 2012.
  7. Louis Maurin : Carte archéologique de la Gaule, volume 17/1. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1999.
  8. Émile Espérandieu : Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, volume 4. Imprimerie nationale, 1911.
  9. Gilbert-Charles Picard : Imperator caelestium. Gallia, 35(1):89–113, 1977.
  10. Pascal Texier. Les Nouillers-Torxé (Charente-Maritime). Archéologie de la France - Informations, 2008. En ligne
  11. Société des archives historiques de la Saintonge et d’Aunis, éditeur. Revue de la Saintonge et de l’Aunis, volume 6. A. Picard et Z. Mortreuil, Paris, Saintes, 1886.
  12. Pascal Texier. Torxé-Tonnay-Boutone (Charente-Maritime). Archéologie de la France - Informations, 2009. En ligne