Noms de lieux : Différence entre versions

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''Guérin'' découle du germanique ''varin'' (défense), transcrit en latin ''varinus'' ou ''guarinus''<ref name="Eveille1887">Éveillé, André. Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l'origine et l'historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. H. Champion, Paris et V. Moquet, Bordeaux. 1887.</ref>.
  
 
=== Font de Benon ===
 
=== Font de Benon ===
  
''Benon'' est un ancien prénom, aujourd'hui désuet, déformation de ''Benoît''<ref name="Eveille1887">Éveillé, André. Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l'origine et l'historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. H. Champion, Paris et V. Moquet, Bordeaux. 1887.</ref>, et un nom de famille. On retrouve ''Benon'' dans le nom du lieu-dit limitrophe de [[Noms de lieux#Chez anthroponyme|Chez Benon]]. ''Font'', ou parfois ''funt'', en poitevin et saintongeais, et plus généralement en vieux français et langue d'oc, désigne une fontaine<ref name="Eveille1887" /> ou une source. Le pluriel est encore utilisée de nos jours dans ''fonts baptismaux''.
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''Benon'' est un ancien prénom, aujourd'hui désuet, déformation de ''Benoît''<ref name="Eveille1887" />, et un nom de famille. On retrouve ''Benon'' dans le nom du lieu-dit limitrophe de [[Noms de lieux#Chez anthroponyme|Chez Benon]]. ''Font'', ou parfois ''funt'', en poitevin et saintongeais, et plus généralement en vieux français et langue d'oc, désigne une fontaine<ref name="Eveille1887" /> ou une source. Le pluriel est encore utilisée de nos jours dans ''fonts baptismaux''.
  
 
On peut donc traduire le nom d'origine ''Font Benon'' comme étant ''&laquo;&nbsp;la source (de) Benon&nbsp;&raquo;''. Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit.
 
On peut donc traduire le nom d'origine ''Font Benon'' comme étant ''&laquo;&nbsp;la source (de) Benon&nbsp;&raquo;''. Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit.
  
 
De part ses racines occitanes, le ''t'' final de ''font'' n'est pas toujours muet ; on prononce alors /fɔ̃t bønɔ̃/, et non /fɔ̃ bønɔ̃/. La prononciation du ''t'' et la francisation du nom ont menés à la forme actuelle de ''Font de Benon''. En revanche, les déformations ''Fond de Benon'' ou ''Fond Benon'' sont incorrectes.
 
De part ses racines occitanes, le ''t'' final de ''font'' n'est pas toujours muet ; on prononce alors /fɔ̃t bønɔ̃/, et non /fɔ̃ bønɔ̃/. La prononciation du ''t'' et la francisation du nom ont menés à la forme actuelle de ''Font de Benon''. En revanche, les déformations ''Fond de Benon'' ou ''Fond Benon'' sont incorrectes.
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=== Le Pinier ===
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''Pinier'' est le nom saintongeais de l'arbre pin (''pinus pinea''), et désigne par extension un lieu planté de pins<ref name="Eveille1887" />. Le pin n'est cependant pas une essence autochtone, si loin de la côte. Elle y fut implantée par l'homme. En Saintonge, Aunis et Poitou la symbolique du pin est associée au protestantisme. La tradition orale rapporte que suite à la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les prédicants distribuaient des pignons de pin, invitant les protestants à signaler les maisons &laquo;&nbsp;amies&nbsp;&raquo;. On notera que la première mention du &laquo;&nbsp;Pinier&nbsp;&raquo; et des &laquo;&nbsp;Champs du Pinier&nbsp;&raquo; dans les archives du comté de Taillebourg<ref name="Ahsa29">Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 29. A. Picard, Paris et C. Isambart, Saintes. 1900.</ref> remonte à un aveu de Ponce-Auguste Sublet, marquis d'Heudicourt, seigneur de Bois-Charmant à Frédéric-Guillaume de La Trémoille, prince de Talmond et comte de Taillebourg, du 15 mai 1722, soit trente-sept ans plus tard. Avant cela, le 9 juin 1692, soit seulement sept ans après la révocation de l'Edit de Nantes, Gabriel Vitet se présente dans sa déclaration des biens de mainmorte du diocèse de Saintes comme &laquo;&nbsp;''curé de la parroisse des Nouliers et de son annexe le Pinier''&nbsp;&raquo;<ref name="Ahsa35">Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 35. A. Picard, Paris et Mme Fragnaud, Saintes. 1905.</ref>. Ainsi, l'apparition du nom actuel semble corrélée avec l'interdiction du culte réformé dans la région. On notera que près de 900 conversions forcées furent enregistrées en 1685 dans la paroisse voisine de Saint-Savinien, bastion protestant.
  
 
=== Le Tricholet ===
 
=== Le Tricholet ===
  
''Tricholet'' est une déformation de ''Treuil Cholet'', nom que portait encore le hameau au XIXe siècle, et que conserve la rue qui le dessert. En saintongeais, ''treuil'' désigne un pressoir. Au XVe siecle s'y élevait déjà une demeure noble, appartenant au seigneur de Tonnay-Boutonne, et dont le fief était rattaché à la paroisse d'Archingeay<ref>Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, Volume 29.</ref>. Il est très probable que les coteaux de la bute du Tricholet étaient alors couverts de vigne, et que le fief tirait ses revenus de la presse du raisin et de la fabrication de vin.
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''Tricholet'' est une déformation de ''Treuil Cholet'', nom que portait encore le hameau au XIXe siècle, et que conserve la rue qui le dessert. En saintongeais, ''treuil'' désigne un pressoir. Au XVe siecle s'y élevait déjà une demeure noble, appartenant au seigneur de Tonnay-Boutonne, et dont le fief était rattaché à la paroisse d'Archingeay<ref name="Ahsa29" />. Il est très probable que les coteaux de la bute du Tricholet étaient alors couverts de vigne, et que le fief tirait ses revenus de la presse du raisin et de la fabrication de vin.
  
 
== References ==
 
== References ==

Version du 12 novembre 2015 à 17:14

Nom de la commune

Le nom des Nouillers découle très certainement du latin novale et novalis, qui désignent respectivement une terre nouvellement défrichée et une jachère. Voir l'article sur l'Origine du nom pour plus de détails.

Le nom de la commune, Les Nouillers, inclus l'article défini pluriel les. En tant que tel, il prend la majuscule, comme par exemple La Rochelle ou Le Mung, à moins qu'il ne se contracte avec à ou de le précédant. En effet, comme le rappelle la Commission nationale de toponymie[1]:

« L'article constitutif des toponymes suit les mêmes règles d'accord, de morphologie et d'omission que celui des noms communs. »

L'Académie française argumente avec l'exemple suivant[2] :

« Aller du Havre au Touquet, et non de Le Havre à Le Touquet. »

Ainsi, la forme grammaticalement correcte est « la commune des Nouillers », et non « la commune de Les Nouillers ». En revanche, aucune règle ne prescrit l'accord en genre et en nombre, qui est lui soumis à interprétation :

  • Nouillers, selon le point de vue, peut être considéré comme masculin ou féminin, le masculin étant en général prédominant ;
  • Les étant article constitutif, on peut indifféremment écrire « Les Nouillers est une commune » (en tant qu'entité administrative) ou « Les Nouillers sont une commune » (accord avec la marque du pluriel).

Le choix est alors laissé à la discrétion de l'auteur, selon le contexte et le message qu'il veut faire passer.

Noms des hameaux

Chez anthroponyme

Les Nouillers compte plusieurs hameaux dont le nom commence par chez: Chez Benon, Chez Bernet, Chez Bineau, Chez Grenon, Chez Guérin, Chez Marans. Dans tous les cas, chez est suivi d'un nom de famille. Cette dénomination, très courante en Saintonge, associe le nom du propriétaire ou de l'exploitant à son lieu de vie. Chez est la forme moderne de chiese en ancien français, qui lui-même dérive du latin casa. Dans des campagnes alors très peu densément peuplées, les Anciens prenaient comme points de repère les maisons des uns des autres. Chez Guérin signifiait alors la maison de Guérin.

On retrouve Benon dans Font de Benon.

Guérin découle du germanique varin (défense), transcrit en latin varinus ou guarinus[3].

Font de Benon

Benon est un ancien prénom, aujourd'hui désuet, déformation de Benoît[3], et un nom de famille. On retrouve Benon dans le nom du lieu-dit limitrophe de Chez Benon. Font, ou parfois funt, en poitevin et saintongeais, et plus généralement en vieux français et langue d'oc, désigne une fontaine[3] ou une source. Le pluriel est encore utilisée de nos jours dans fonts baptismaux.

On peut donc traduire le nom d'origine Font Benon comme étant « la source (de) Benon ». Il est raisonnable de penser que les terres du dénommé Benon, de l'autre côté de Bois Chapeau, s'étendait jusqu'à ce lieu-dit.

De part ses racines occitanes, le t final de font n'est pas toujours muet ; on prononce alors /fɔ̃t bønɔ̃/, et non /fɔ̃ bønɔ̃/. La prononciation du t et la francisation du nom ont menés à la forme actuelle de Font de Benon. En revanche, les déformations Fond de Benon ou Fond Benon sont incorrectes.

Le Pinier

Pinier est le nom saintongeais de l'arbre pin (pinus pinea), et désigne par extension un lieu planté de pins[3]. Le pin n'est cependant pas une essence autochtone, si loin de la côte. Elle y fut implantée par l'homme. En Saintonge, Aunis et Poitou la symbolique du pin est associée au protestantisme. La tradition orale rapporte que suite à la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les prédicants distribuaient des pignons de pin, invitant les protestants à signaler les maisons « amies ». On notera que la première mention du « Pinier » et des « Champs du Pinier » dans les archives du comté de Taillebourg[4] remonte à un aveu de Ponce-Auguste Sublet, marquis d'Heudicourt, seigneur de Bois-Charmant à Frédéric-Guillaume de La Trémoille, prince de Talmond et comte de Taillebourg, du 15 mai 1722, soit trente-sept ans plus tard. Avant cela, le 9 juin 1692, soit seulement sept ans après la révocation de l'Edit de Nantes, Gabriel Vitet se présente dans sa déclaration des biens de mainmorte du diocèse de Saintes comme « curé de la parroisse des Nouliers et de son annexe le Pinier »[5]. Ainsi, l'apparition du nom actuel semble corrélée avec l'interdiction du culte réformé dans la région. On notera que près de 900 conversions forcées furent enregistrées en 1685 dans la paroisse voisine de Saint-Savinien, bastion protestant.

Le Tricholet

Tricholet est une déformation de Treuil Cholet, nom que portait encore le hameau au XIXe siècle, et que conserve la rue qui le dessert. En saintongeais, treuil désigne un pressoir. Au XVe siecle s'y élevait déjà une demeure noble, appartenant au seigneur de Tonnay-Boutonne, et dont le fief était rattaché à la paroisse d'Archingeay[4]. Il est très probable que les coteaux de la bute du Tricholet étaient alors couverts de vigne, et que le fief tirait ses revenus de la presse du raisin et de la fabrication de vin.

References

  1. Commission nationale de toponymie. Recommandations et observations grammaticales. CNT – CNIG 2006.17. 29 novembre 2006, mise-à-jour le 08 mars 2010.
  2. Académie française. Questions de langue.
  3. 3,0, 3,1, 3,2 et 3,3 Éveillé, André. Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l'origine et l'historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. H. Champion, Paris et V. Moquet, Bordeaux. 1887.
  4. 4,0 et 4,1 Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 29. A. Picard, Paris et C. Isambart, Saintes. 1900.
  5. Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis. Volume 35. A. Picard, Paris et Mme Fragnaud, Saintes. 1905.