Anecdotes (Religion)

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Certains curés des Nouillers ont marqué la paroisse de leur passage, et se sont parfois signalés en dehors de ses limites pour des raisons plus ou moins avouables...

Les charades du curé

Henri-Louis-Benjamin Carville, né le 5 février 1761 à Tonnay-Boutonne, est le fils de Louis-Henry, un bourgeois de la ville. Il est curé de Tonnay-Boutonne sous la Restauration jusqu'à sa mort le 16 décembre 1823. Curé des Nouillers en 1802, il publie deux charades dans le Mercure de France.

Mercure de France n°525, samedi 10 juillet 1813

On trouve en mon premier un pronom féminin,
Sans mon dernier comment aller son droit chemin ?
Quelqu'un veut que mon tout fut indigène en France,
D'autres le font indien avec plus d'apparence ;
Quoiqu'il en soit il est dès long-tems parvenu
À donner du plaisir, sur-tout du revenu.[note 1]

Carville, desservant l'église des Nouillers.

Mercure de France n°535, samedi 18 septembre 1813

Quand mon premier va bien, tout va bien avec lui ;
Si mon dernier survient, il cause de l’ennui ;
Cependant quelquefois il est très-nécessaire,
Quand mon premier va mal, pour le tirer d’affaire.
Mon entier est, lecteur, un petit animal,
Qui fait souvent du bien et rarement du mal.
On nommait par son nom dans notre ancienne France,
Des gens dont le crédit égalait l’opulence.[note 2]

Carville, desservant l’église des Nouillers.

Le zouave délinquant

Lors de la séance du 28 novembre 1885, la chambre des députés débat sur les résultats des élections législative pour le département de la Charente-Inférieure, ayant eu lieu le mois précédent. Émile Labussière, député socialiste de la Haute-Vienne, conteste les résultats des élections, dénonçant les influences et les menaces qu'aurait fait peser l'Église sur la campagne électorale. Une joute verbale éclate, l'opposant notamment à Eugène Jolibois et au baron Eschassériaux, tous deux députés bonapartistes de la Charente-Inférieure. Voici un extrait de son intervention[1] :

M. Labussière. [...] Il y a un autre fait qui est grave et dont le rapport n'a pas fait mention. Je veux parler de l'acte que s'est permis le curé des Nouillers.
Le curé des Nouillers est un homme violent. Pendant la période électorale, du 4 au 18 octobre, il prit à partie un afficheur du parti républicain, le sieur André; l'ayant rencontré sur la voie publique, il le traita de lâche, de mouchard, et, engageant une altercation avec lui, il lui dit : « Frappe-moi donc, mais frappe moi donc! » En même temps, il sortit de sa poche son couteau fermé et il le leva sur le sieur André. Fort heureusement, le père de celui-ci arrivait à cet instant et les sépara.
Procès-verbal des faits a été dressé, et, en outre, il a été procédé à une enquête. On a entendu des témoins qui sont venus confirmer les faits. Le curé n'a pas méconnu non plus les paroles qu'on lui attribuait, mais il en a donné une explication. Il a dit qu'il était d'un caractère emporté, et que, voyant cet afficheur placarder des affiches sur une maison voisine, il a dit à quelqu'un : « Je serais de caractère à prendre mon revolver de zouave et à m'en servir si l'on venait ainsi afficher sur ma cure. » Il parait que le curé des Nouillers est un ancien zouave, — zouave pontifical, sans doute. (Sourires à gauche. — Murmures à droite.)

Voix à droite. Eh bien? Qu'est-ce que cela ferait?

M. Labussière. Oh! je n'en dis pas de mal.

M. Jolibois. Le curé des Nouillers est un ancien zouave d'Afrique.

M. Labussière. Le parquet a déféré des faits au tribunal de simple police et, à la date du 20 novembre, le curé des Nouillers a été condamné, ce qui prouve que ces faits ont été reconnus exacts. Il y a un détail que j'ai omis de vous indiquer. Savez-vous quelle a été la défense du curé lorsqu'on lui a reproché d'avoir sorti de sa poche son couteau fermé? Il a répondu : « C'est vrai, mais ce n'était pas mon couteau que je voulais prendre. C'était ma tabatière qui était dans la même poche. » (On rit.)
Cette explication n'a pas été accueillie par le juge de paix de Savinien, qui, estimant qu'il y avait là des actes de violence légère et des voies de fait, a condamné le curé, à la date du 20 novembre, à 5 fr. d'amende. (Murmures à droite.) [...]

Notes

  1. La réponse est : Saindoux.
  2. La réponse est : Anacréon.

Références

  1. Annales de la chambre des députés, 4ème législature. Débats parlementaires. Session extraordinaire de 1885, tome unique, du 10 novembre au 29 décembre 1889. Imprimerie des journaux officiels, Paris, 1886.