Ausone

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Plusieurs auteurs situent aux Nouillers la maison de campagne de Decimus Magnus Ausonius, dit Ausone, rhéteur et précepteur de l'empereur Gratien. Ausone est surtout connu pour être un érudit gallo-romain, ayant laissé à la postérité une vingtaine de livres, recueils de poésies et de correspondances. Par « maison de campagne », il faut comprendre tout un domaine agricole, où ses serviteurs cultivent les champs et la vigne, acheminant son vin à Saintes sur des chars traînés par des chevaux. Voici l'une des descriptions que fait Ausone de son Pagus Noverus au cours de ses échanges épistolaires avec son ami Paulin de Nole résidant à Saragosse :

« Ter juga Burdigalae, trino me flumina caetu secernunt turbis popularibus : otiaque inter vitiferi exercent colles, laetumque colonis uber agri, tum prata virentia, tum nemus umbris mobilibus, celebrique frequens ecclesia vico : Totque mea in Novero sibi proxima praedia pago, dispositis totum vicibus variata per annum : Egelidae ut tepeant hyemes, rabidosque per aestus adspirent tenues frigus subtile aquilones. »

Voici la traduction que l'en fait l'abbé Jaubert[1] :

« Séparé du peuple de Bordeaux au moyen de trois montagnes et des lits de trois fleuves[note 1], les vignobles de mes collines, la fertilité de mes champs si agréables au laboureur, la verdure de mes prairies, l'ombre mobile de mes forêts, la compagnie nombreuse d'un bourg très peuplé, occupent tout mon loisir. Toutes mes métairies, qui se touchent dans le canton de Novero, sont tellement variées, pendant les différentes saisons de l'année, que les hivers y sont un peu chauds, et que dans les grandes chaleurs les zéphyrs y font ressentir une fraîcheur un peu vive. »

En latin, pagus désigne une bourgade, un district rural semblable au canton actuel, voir un pays, comme dans Pago Santonico, la Saintonge. Noverus correspond à une « ferme nouvelle ».

Dans ses notes, l'abbé Jaubert indique même que l'on voyait encore, aux environs de 1769 aux Nouillers, une maison que les anciens prétendaient avoir été celle d'Ausone. Un siècle plus tard, Lesson[2] citait Dadin de Hauteserre[3] comme étant le premier auteur « qui ait placé aux Nouillers le pagus noverus du poëte Ausone » (sic), en 1648 :

« Noverus pagus, in agro santonico, in quo loculenta prœdia habuit Ausonius, testis ipse in epistola ad Paulinum. »

Ceci n'est pas complètement exact. De Hauteserre fut peut-être le premier à situer la résidence d'Ausone aux Nouillers en sa qualité d'historien et d'homme de lettres. Cela étant, une vingtaine d'année auparavant, Sanson, cartographe, publiait son atlas de la Gaule antique[4] qui situait précisément le pagus noverus aux Nouillers.

Reproduction de la carte de Nicolas Sanson, 1627. Noverus se situe sur la rive droite de la Vultonna (Boutonne), en aval d'Angeriacum (Saint-Jean-d'Angély), et à quelques lieues au Nord-Est de la confluence avec la Canen[tellus] (Charente).

Dans le cartouche, on peut lire :

« Galliae antique descriptionem hanc (Lector Benevole) ad veterum mentem geographice delineatam; [...] et Latinis cuiuscum generis scriptoribus, qui sus Imperio Romanorum floruerunt [...] ex nostris latine scribentis Ausonium Burdegalensem »

Nombre d'auteurs des XIXe et XXe siècles ont depuis remis en doute la localisation de la villa d'Ausone aux Nouillers, élaborant des théories plus ou moins crédibles. Il semble néanmoins que les plus anciennes sources s'accordent sur le sujet. La tradition locale en faisait-elle l'écho, à l'époque, comme l'écrivait l'abbé Jaubert ? C'est plausible, mais rien n'est moins sûr. Les études archéologiques sur la commune ont prouvé la présence de commerce et d'artisanat sous l'Empire romain, sans démontrer de façon irréfutable un quelconque lien avec Ausone. La tradition associera sans doute pour longtemps encore à la commune des Nouillers ce qui n'est possiblement qu'une légende.

Notes

  1. Ce pourrait être la Charente, la Dordogne et la Garonne.

Références

  1. Pierre Jaubert. Œuvres d'Ausone traduites en françois. Tome 4. Delalain, Paris, 1769.
  2. René-Primevère Lesson. Histoire, archéologie et lègendes des Marches de la Saintonge. Henry Loustau et Cie, Rochefort, 1845.
  3. Dadin de Hauteserre. Rerum Aquitanicarum, libri quinque. Colomiers, Toulouse, 1648. p. 65.
  4. Nicolas Sanson. Galliae antiquae descriptio geographica. 1627.