Justice

Assises

Affaire Reygnier

L'affaire est jugée en cour d'assises le mardi 16 février 1897. La presse locale rapporte l'acte d'accusation[1] :

« Dans le courant de l'année 1894, le sieur Jean, mari de l'accusée, qui exerce la profession de potier, ne trouvant plus dans la région un travail assez rémunérateur pour subvenir aux besoins de sa famille, quittait le domicile conjugal pour aller travailler au loin. Bon ouvrier et laborieux, il parvenait à économiser sur son salaire des sommes relativement importantes qu'il adressait régulièrement à sa femme par mandats.

Après le départ de son mari, la femme Jean se livra à l'inconduite. Devenue enceinte, elle dissimula sa grossesse, et, le 29 novembre dernier, elle accouchait d'un enfant qu'elle étouffait immédiatement après sa naissance.

Mais, le crime accompli, l'accusée, très affaiblie par l'hémorragie qui avait suivi son accouchement, ne put se lever et faire disparaître le cadavre qu'elle avait formé le projet d'enterrer dans son jardin. Elle dut avouer son accouchement à ses parents. Ceux-ci firent appeler le docteur Manguy, médecin à Saint-Savinien. Le docteur Manguy, après avoir vu le corps du nouveau-né, crut de son devoir de se rendre chez le maire des Nouillers et de l'aviser du décès qu'il avait constaté, dans des termes tels que celui-ci prévint le parquet de Saint-Jean-d'Angély.

Le 3 décembre, M. le juge d'instruction se transportait sur les lieux et faisait procéder à l'autopsie du petit cadavre.

L'examen médical a établi que l'enfant était né à terme, vivant et viable, et qu'il avait succombé à l'asphyxie résultant d'une violente pression exercée avec les deux mains sur la potrine.

L'accusée, interrogée à la suite de ces constatations, en a reconnu la complète exactitude. Elle a avoué, d'ailleurs, qu'elle n'avait fait aucun préparatif pour recevoir son enfant et qu'elle avait résolu de le tuer dès sa naissance.

La femme Jean, interrogée, avoue ne s'être pas bien conduite pendant l'absence de son mari, et avoir caché son état de grossesse à ses voisins et à sa mère.

C'est "par la honte du monde" qu'elle a donné la mort à son enfant. »

Correctionnelle

Date Nom Profession Charges Sentence Notes
19 août 1874 Seguin, Jean Tailleur d'habits Attentat à la pudeur 4 ans de prison Source[2]. 59 ans.
8 décembre 1922 Elie, Théophile Carrier Outrages et ivresse 6 jours de prison avec sursis, 5 francs d'amende Source[3]. Recueilli à sa naissance en septembre 1901 à l'orphelinat de Saint-Jean d'Angély[4].

Références

  1. L'Écho Rochelais, 24 février 1897 (???), p. ???.
  2. L'Écho Rochelais, 26 août 1874 (68), p. 3.
  3. L'Écho Saintongeais, 10 décembre 1922 (5297), p. 1.
  4. L'Écho Saintongeais, 19 septembre 1901 (2722), p. 3.